Journal les Echos du 19/11/2012

En 5 ans, les effectifs de la filière ont diminué de 35 %. Ils ont été ramenés à 1.600 emplois en Limousin et dans le Berry.

Les importations chinoises de vaisselle en céramique ont provoqué de la casse dans la filière française ces dernières années. «  Ces produits chinois sont passés de 15 % à 60 % du marché en une dizaine d’années », relève Guy Bourgeois, le président de la Confédération des arts de la table (CAT). Il n’est pas rare de trouver dans les rayons de la grande distribution des assiettes à moins d’un euro. Un prix sur lequel les entreprises françaises ne peuvent pas s’aligner, compte tenu des coûts de main d’oeuvre, mais aussi d’énergie. Car cette production nécessite une cuisson à plus de 1.000 degrés. La poignée de mohicans qui continuent de fabriquer des produits d’entrée de gamme dans l’Hexagone proposent elles des séries dans une fourchette allant de 5 à 25 euros. Sans parler des services de table haut de gamme, où le tarif d’une assiette peut aller au delà de 150 euros.

Cette concurrence des produits asiatiques a conduit nombre de PME à mettre la clef sous la porte ou à réduire la voilure, comme Deshoulières qui a dû tailler dans ses effectifs, ou Bernardaud. L’emploi dans cette filière est en repli de 35 % depuis 2007, ont indiqué les ministres Nicole Bricq et Arnaud Montebourg.

1.600 emplois directs

Il reste toutefois encore en France, une production de vaisselle en porcelaine ou en faïence, en particulier à Limoges (Haute-Vienne) et dans le Berry. Ces entreprises parmi lesquelles Coquet, Raynaud ou la Faïencerie de Gien regroupent 1.600 emplois directs pour un chiffre d’affaires estimé à 130 millions d’euros. Loin du secteur total des arts de la table (vaisselle, ustensiles de cuisine, petit électroménager) qui regroupe quelque 20.000 salariés. Depuis 2007, la France a une balance commerciale déficitaire dans ce domaine à cause des importations massives de vaisselle et de petit électroménager. Mais l’art de vivre à la française continue à s’exporter en misant sur la création, avec des portes-drapeau comme Arc International, Bernardaud, Opinel, ou le Creuset.

En France, malgré la crise, le marché résiste, avec un chiffre d’affaires qui reste stable à 5 milliards d’euros. Il a toutefois subi un coup de frein cet été. Sur douze mois, les ventes sont en recul de 2,5 % selon le Comité France Eclat. Après le déclin des listes de mariages, le retour à la cuisine plaisir et le fait de recevoir de plus en plus ses amis permet de soutenir les achats.

Dominique Chapuis, Les Echos